Perspectives Libres n°11 : « La crise des représentations » PDF

8,50 

Disponible uniquement au format PDF.

 

« Si le cœur du politique est la signification de la mort comme le soutient Pierre Legendre, Confucius rappelait que bien gouverner commence par la maîtrise exacte du sens des mots. Cette sagesse nous rappelle que le tissu que l’on dit social est avant tout un tissu sémantique et archaïque, qui se tisse, se retisse et s’abîme comme la tunique de Pénélope. Un maillage de mot, d’idées, de réflexes sédimentés, de réactions automatiques qui forme un surmoi de mots agencés en visions du monde cohérentes dont le seul but est l’autoconservation et la permanence sous un couvert d’écumes.

Aujourd’hui la révolution de l’individu prend son tournant « kronosique » au sens de Kronos le dieu qui mange ses enfants. Coupé du ciel, l’individu est coupé des siens. Aujourd’hui l’individu est seul, triste mais surtout ne peut verbaliser son état, première étape d’une hypothétique guérison. Ce manque de mot est cause et conséquence de l’effondrement des représentations.

Plus grave encore, les représentations les plus simples et les plus structurantes, comme la famille et d’autres représentations infra-politiques sont happées par cette horizontalisation technicienne et libérale, résumable par « tout et tout de suite ».

La prochaine tentative de réforme intellectuelle et morale devra se dresser pour rétablir au moins l’obligation de survie au sein de nos représentations, afin que nos idées, aujourd’hui sous l’emprise d’un constructivisme de tous les instants, ne nous soient pas fatales.

Elle devra prendre pied sur nos grands récits, seuls legs d’immortalité réelle car ils expliquent les grandes traces du passé alors que la pierre n’explique rien par elle-même.

Et s’il était trop tard ? Alors il faudra raconter et mourir, une dernière fois, poser les actes les plus simples et les plus essentiels d’une civilisation »

Pierre-Yves ROUGEYRON, directeur de la rédaction. Sommaire Pierre-Yves ROUGEYRON : « Raconter et mourir » Dossier : La crise des représentations Françoise BONARDEL : « La grande braderie » Dominique Jacques ROTH : « Crise de la représentation » Véronique HERVOUËT : « De la croyance dans les sciences à la crise des représentations » Jean-François GAUTIER : « Le chaos de l’uniformité » Libres pensées Erik S. REINERT et Rainer KATTEL : « L’élargissement à l’Est, une tentative de suicide européenne ? » Libres propos Norman PALMA : « Le Pape Alexandre VI Borgia et l’Histoire universelle » Julien FUNNARO : « L’art à l’époque du néo-libéralisme » Diego FUSARO : « En mémoire de Costanzo Preve » Philippe ARONDEL : « Europe : les chrétiens au pied du mur » Xavier DUPRET : « L’inévitable sortie unilatérale de la zone euro. La piste bancaire » Alberto BUELA : « Le retour arétéique » Ekaterina NAROTCHNITSKAYA : « Le multiculturalisme en tant que conception de philosophie politique » Norman PALMA : « Karl Polanyi et l’utopie libérale » Claude BOURRINET : « Une école identitaire peut-elle exister ? » Documents Document 1 : « Minutes des réunions du Secrétaire d’État Kissinger », 25 avril, 1974 Document 2 : « Memorandum pour le président », 3 juin, 1975, de Arthur Burns Norman PALMA : « L’or et le système monétaire international » PRÉSENTATION DES AUTEURS : Erik S. Reinert est norvégien, spécialiste mondialement reconnu sur la question du protectionnisme, professeur en Développement des Stratégies et Gouvernance technologique à l’Université de Tallin et membre senior de recherche à l’Institut Norvégien de Recherches Stratégiques. Il est diplômé de Harvard (MBA), de l’Université Saint Gallen en Suisse et d’un doctorat (Ph.D.) d’économie à l’Université de Cornell. Il a fondé une entreprise spécialisée dans les colorants pour l’industrie automobile en 1972, leader de son secteur, qu’il vendit pour pouvoir se consacrer aux études et au professorat. Il est l’auteur de nombreux articles et ouvrages dont traduit en français Comment les pays riches sont devenus riches et pourquoi les pays pauvres restent pauvres, publié en 2012. Norman Palma est économiste et philosophe français. Diplômé en économie, en philosophie, et en lettres, il est maître de Conférences à l’Université de Paris-Sorbonne. En 1991, il est en poste à l’Institut libre d’étude des relations internationales. Il a également enseigné au Centre universitaire de Vincennes à Saint-Denis, à l’Université Paris XII, et a été intervenant à l’Institut de Formation Commerciale Permanente. Dernier ouvrage écrit en français : Le Capitalisme Malade de sa Monnaie (2009) avec Edouard Husson, et Pourquoi Marx a-t-il échoué ? (2014) aux éditions Perspectives Libres. Diego Fusaro, né en 1983, est professeur d’histoire de la philosophie à l’université Saint-Raphaël de Milan. Intervenant régulier dans la presse italienne, très présent sur internet, il est déjà l’auteur d’une dizaine d’ouvrages. Diego Fusaro est considéré en outre comme le principal disciple du philosophe Constanzo Preve, décédé en 2013. Derniers essais parus : Idealismo e prassi. Fichte, Marx et Gentile (2013) ; Minima mercatalia. Filosofia e capitalisme (2012) ; Essere senza tempo. Accelerazione della storia e della vita (2010) ; Filosofia e speranza. Ernst Bloch e Karl Löwith interpreti di Marx (2005). Françoise Bonardel est professeur émérite de philosophie des religions à Paris I la Sorbonne et fait partie du conseil d’administration de « L’institut d’études bouddhiques ». Cette élève de Gilbert Durand a sillonné le monde à la recherche de l’héritage des grandes pensées spirituelles, mais aussi de courants ésotériques plus méconnus, pour les relier dans leur dimension universelle et les confronter à des conceptions modernes telles que la psychologie analytique. Son œuvre vise à dépasser le dualisme pour partir en quête d’une troisième voie permettant de triompher de la conflictualité de l’existence. Selon elle, la crise culturelle européenne, face à la fausse alternative du relativisme mondialiste et du repli identitaire, ne pourra se résoudre que par une subtile combinaison des contraires, dont les moyens résident dans l’actualisation des préceptes hermétiques de la tradition occidentale. Derniers ouvrages parus : Artaud ou la fidélité à l’infini (2014, rééd.) ; Tryptique pour Albrecht Dürer : la conversation sacrée (2012) ; Des héritiers sans passé. Essai sur la crise de l’identité culturelle européenne (2010). Alberto Buela, philosophe argentin, est considéré comme le fondateur de la métapolitique en Amérique Latine. Il est diplômé de l’université de Buenos Aires, et d’un doctorat en Philosophie à l’université de la Sorbonne. Il fonde en 1994 la première revue ibéro-américaine de métapolitique « Disenso ». Il travaille actuellement sur trois thèmes spécifiques : la métapolitique, la théorie du dissentiment, la théorie de la vertu. Politiquement engagé, il se situe dans le péronisme. Il est l’auteur de nombreux essais, notamment Le fondement métaphysique de l’éthique chez Aristote ; L’Amérique hispanique contre l’Occident ; Essais Ibéro-américains ; Le Sens de l’Amérique ; Métapolitique et philosophie ; Notes sur le Péronisme. Philippe Arondel est docteur en droit et en histoire économique. Il a longtemps milité dans le mouvement social d’inspiration chrétienne. Il a publié récemment Ensemble, militer autrement (2008) ainsi que Gouvernance : une démocratie sans le peuple ? (2007) avec Madeleine Arondel-Rohaut. Il est aussi animateur radio à Fréquence Protestante, notamment dans les émissions « Midi-Magazine », « Des mille et des cents », « Parcours Économique », « Parcours Sociologique ». Dominique-Jacques Roth est psychanalyste et psychologue clinicien. Docteur de l’université Paris VII, il a derrière lui plusieurs années d’expérience de cadre en entreprise et à l’international. Outre des articles parus dans Apertura, divers revues et journaux, il a publié en 2012 Critique du discours STM – scientifique, technique et marchand – Essai sur la servitude formelle aux Editions Erès. Xavier Dupret est économiste au Groupe de Recherche pour une Stratégie Economique Alternative (GRESEA) basé à Bruxelles. Ses matières de prédilection sont la financiarisation de l’économie, la crise de la zone euro et les modèles alternatifs en Amérique du Sud. Il collabore régulièrement avec les presses économiques belge et argentine. Il est l’auteur de l’ouvrage : Après l’euro, les peuples ? (2012) Ekaterina Narotchnitskaya, historienne, chef du secteur « Europe occidentale » de l’Institut d’information scientifique en sciences humaines de l’Académie des sciences de Russie. Directrice du Centre de recherche et d’analyse de la Fondation de la perspective historique. Pierre-Yves Rougeyron est président du Cercle Aristote et rédacteur en chef de la revue Perspectives Libres. Diplômé de droit, de sciences politiques et de criminologie, ancien élève de l’EGE, il est actuellement étudiant en intelligence économique. Il a sorti en 2013 un ouvrage intitulé Enquête sur la loi du 3 janvier 1973. Julien Funnaro, géographe agrégé, ancien élève de l’École Normale Supérieure, traducteur et essayiste, est membre du comité de rédaction de la revue Perspectives Libres. Ses thèmes d’étude portent sur les migrations internationales et les phénomènes de métropolisation urbaine. Claude Bourrinet, professeur de lettres modernes, est chroniqueur régulier au site Voxnr. Il est également l’auteur en 2011 d’un essai intitulé L’Empire au cœur (éditions Ars Magna) Rainer Kattel est le détenteur de la chaire Innovation Policy and Technology Governance and Head of the Program à l’Université de Tartu en Estonie. En 2013, il a reçu l’Estonian National Science award pour l’ensemble de son travail. Il est un ami et collègue de travail d’Erik Reinert. Véronique Hervouët, psychanalyste politique, membre du forum des champs lacaniens, est l’auteur d’un essai paru en 2004 intitulé L’Enjeu symbolique. Islam, christianisme, modernité. Jean-François Gautier, né en 1950, est docteur en philosophie, essayiste, musicologue et historien des sciences. Il a publié des essais consacrés à l’histoire et à la philosophie, tant à celles des sciences qu’à celles de la musique : L’Univers existe-t-il ? (1997) ; Logique et pensée médicale (2002) ; Palestrina (1994) ; Claude Debussy. La musique et le mouvant (1997). Jean-François Gautier contribue régulièrement à diverses revues, dont Spectacle du monde, Valeurs actuelles ou encore Éléments. Dernier ouvrage paru : Le sens de l’histoire : une histoire du messianisme en politique (éd. Ellipses, 2013).

Informations complémentaires

Format

PDF