Perspectives Libres n°12: « L’Homme sans liens »

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Sommaire

Pierre-Yves ROUGEYRON : « Fraternité perdue »

Dossier : L’Homme sans liens

Marie-Céline COURILLEAULT : « L’Homme sans liens »

Michael Allen GILLESPIE : « La question de la Modernité et des possibilités de l’essor humain »

Jérémy-Marie PICHON : « L’Homo Canal +. Enquête sur un fascisme accompli : le Cool »

Maria VILLELA-PETIT : « Simone Weil et « L’Enracinement » »

Anthony ELLIOTT : « La Réinvention dans un monde au-delà des liens »

Jean-François GAUTIER : « Avec et sans lien(s) »

Stéphane VINOLO : « Le prisme diffractant du lien social »

Pierre-Antoine CHARDEL : « Une herméneutique sociologique dans la société liquide. Lecture de Zygmunt Bauman »

Libres pensées

Erik S. REINERT : « Le futur de la société d’information en Europe : contributions au débat »

Libres propos

Julien FUNNARO : « 1989 : l’anniversaire oublié »

Charles ROBIN : « « Mon ex est quelqu’un de bien ». Éloge de la décence amoureuse »

Dossier : Jean-François Mattéi

Pierre-Yves ROUGEYRON : « Jean-François Mattéi, le maître et le compagnon »

Marc HERCEG : « Esthétique et métaphysique dans l’œuvre de Jean-François Mattéi »

Jérôme PALAZZOLO : « La famille contemporaine face à la globalisation mondiale : approche systémique et anthropologique »

Marc ALPOZZO : « Entretien avec Jean-François Mattéi »

Pierre LE VIGAN : « Albert Camus, une vision grecque du monde »

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Présentation du numéro

« L’anomie de nos sociétés est aujourd’hui un fait sinon largement admis du moins globalement constaté avec une sorte de trépignement qui peut inquiéter. Ces germes de pourrissement social attirent à intervalles réguliers tout ce que la France et les sociétés dites avancées possèdent comme faune sociologique, entomologistes sociaux et autres inspecteurs de dépôt de bilan civilisationnel. Il y a quelque chose d’impudique – comme un fantasme de ruine – à contempler la tragédie avec gourmandise en priant de pouvoir abaisser le pouce comme dans les arènes romaines devant la grande curée terminale censée emporter notre communion humaine dégradée en vulgaire vivre-ensemble.

C’est de cet homme délié car déraciné et par la même désincarné que nous allons esquisser un portrait ici. Délié face à ses semblables, face à tout destin collectif, il est désorienté dans le temps et de l’espace ; venu de rien, il n’entend aller nulle part. Déraciné car ne pouvant plus avoir de rapport à la terre et aux morts ; inapte à se figurer dans une société qui, comme l’avait souligné Auguste Comte, est faite de « plus de morts que de vivants ». Désincarné car ce qui fait de nous des êtres charnels, c’est ce qui nous distingue de l’autre à l’échelle individuelle, comme notre peau, ou à l’échelle collective, comme les clans, les nations, les frontières. Comment en sommes-nous arrivés là ?

[…]

Contre cette inhumanité qui vient, dominée par les puissances maîtrisant l’immatériel et l’approche réticulaire de la puissance, il faut reprendre la seule querelle qui vaille, « celle de l’homme » comme le disait le général de Gaulle. A cette fin, contre l’autonomie de l’individu auto-centré dans son néant, il faut redécouvrir l’incomplétude de nos sociétés. En effet, comme dans les théorèmes mathématique la solution se trouve peut-être à l’extérieur du problème : comme nos sociétés ne peuvent être leur propre référent, elles ont besoin de quelque chose qui les entoure, les pénètre et les unie, une transcendance civique ou religieuse. Cette transcendance doit être issue de notre histoire, de notre Tradition. Ce qui n’implique nullement une logique de passéisme mais une logique de transmission arrimée sur une nostalgie et sur une véritable conscience du passé. Il ne s’agit pas là des caricatures d’appartenance des idéologues du bien (parti espagnol/impérial, islamistes) mais d’une affirmation de soi tranquille et politique qui doit passer par des étapes de reprise en compte de soi et de mise à distance (la distance du dialogue) des autres. Commencer par se rendre compte que pour qu’il y ait eux et nous, il faut d’abord prendre conscience que la vraie fraternité implique que tous les hommes ne soient pas frères.

Pour ce faire, nous devons reprendre fierté et foi en nous et dans notre lignée. Pour préserver notre humanité, nous devons affirmer notre particularisme en tant que Français et le travailler jusqu’à le ressentir réellement, en nous rappelant que l’éthique est quelque chose de concret : prendre soin des siens d’abord. Politiquement, nous devons refaire communauté et nous battre pour la souveraineté et la gloire pour des objectifs clairement politiques. Comme à chaque fois où la France a failli être détruite, un camp des politiques doit se lever, car en la sauvant, nous sauvrons une part du génie humain, celui de nos ancêtres.

Les temps qui arrivent seront terribles, mais « [p]ourtant, à la fin des fins, la dignité des hommes se révoltera » »

Pierre-Yves ROUGEYRON, directeur de la rédaction.

Sommaire

Pierre-Yves ROUGEYRON : « Fraternité perdue »

Dossier : L’Homme sans liens

Marie-Céline COURILLEAULT : « L’Homme sans liens »

Michael Allen GILLESPIE : « La question de la Modernité et des possibilités de l’essor humain »

Jérémy-Marie PICHON : « L’Homo Canal +. Enquête sur un fascisme accompli : le Cool »

Maria VILLELA-PETIT : « Simone Weil et « L’Enracinement » »

Anthony ELLIOTT : « La Réinvention dans un monde au-delà des liens »

Jean-François GAUTIER : « Avec et sans lien(s) »

Stéphane VINOLO : « Le prisme diffractant du lien social »

Pierre-Antoine CHARDEL : « Une herméneutique sociologique dans la société liquide. Lecture de Zygmunt Bauman »

Libres pensées

Erik S. REINERT : « Le futur de la société d’information en Europe : contributions au débat »

Libres propos

Julien FUNNARO : « 1989 : l’anniversaire oublié »

Charles ROBIN : « « Mon ex est quelqu’un de bien ». Éloge de la décence amoureuse »

Dossier : Jean-François Mattéi

Pierre-Yves ROUGEYRON : « Jean-François Mattéi, le maître et le compagnon »

Marc HERCEG : « Esthétique et métaphysique dans l’œuvre de Jean-François Mattéi »

Jérôme PALAZZOLO : « La famille contemporaine face à la globalisation mondiale : approche systémique et anthropologique »

Marc ALPOZZO : « Entretien avec Jean-François Mattéi »

Pierre LE VIGAN : « Albert Camus, une vision grecque du monde »

PRÉSENTATION DES AUTEURS :

Michael Allen Gillespie est un philosophe américain, professeur de sciences politiques et de philosophie à l’université de Duke (Caroline du Nord), dont il dirige le « Gerst Programm in Political, Economic, and Humanistic Studies ». Il a publié de nombreux articles sur Montaigne, Hegel, Nietzsche ou Heidegger, et concentre actuellement ses recherches sur la pensée politique américaine et sur les rapports entre le religieux et le politique. Ouvrages publiés : Hegel, Heidegger and the ground of History (1986) ; Nihilisme before Nietzsche (1996) ; The Theological Origins of Modernity (2009). Ce dernier ouvrage (non encore traduit en français) est une référence sur la querelle de la sécularisation (la fameuse polémique Schmitt/Blumenberg).

Stéphane Vinolo, docteur en philosophie, est Professeur à la Regent’s University de Londres et à l’Universidad técnica Particular de Loja (Équateur). Ses recherches portent sur la philosophie moderne et la philosophie française contemporaine. Ouvrages publiés : Alain Badiou : un philosophe insupportable (2014) ; René Girard : du mimétisme à l’hominisation : « La violence différante » (2012) ; Clément Rosset. La philosophie comme anti-ontologie (2012) ; Dieu n’a que faire de l’être, une introduction à l’œuvre de Jean-Luc Marion (2012) ; René Girard : épistémologie du sacré. « En vérité, je vous le dis » (2007) ; « Critique de la Raison Mimétique : René Girard lecteur de Jean-Paul Sartre » in Charles Ramond (dir.), René Girard. La théorie mimétique, de l’apprentissage à l’apocalypse (2010).

Jérémy-Marie Pichon, né en 1986, est professeur de philosophie. Doctorant de Lettres modernes (thèse sur Balzac) il est aussi diplômé d’un Master 2 de philosophie à Paris IV Sorbonne. Membre de l’Association Recherches Mimétiques, Jérémy-Marie Pichon se réclame de la pensée de René Girard, de Claude Tresmontant (dont il dirige le blog), mais surtout du philosophe Maurice Blondel. Polémiste catholique très concerné par la question de la Gnose et de ses multiples avatars modernes, il prépare un pamphlet sur la religion de la victime et un Manifeste pour un Roman Nouveau.

Charles Robin, né en 1986, est diplômé d’un master en philosophie, et enseigne actuellement à l’Université Paul Valéry de Montpellier. Il est le président fondateur de l’association CRITICS (Centre de Recherches Interdisciplinaires pour la Transmission des Idées Critiques en Sciences sociales), et travaille actuellement à la création d’une école populaire autonome à Béziers. Il vit à Montpellier. Il est l’auteur de Le Libéralisme comme volonté et comme représentation (TheBookEdition, 2012), Penser le libéralisme (TheBookEdition, 2013) et Michéa, une synthèse philosophique (TheBookEdition, 2014), et plus récemment : La gauche du Capital : Libéralisme culturel et idéologie du marché (Krisis, 2014).

Pierre-Yves Rougeyron, né en 1986, est président du Cercle Aristote et rédacteur en chef de la revue Perspectives Libres. Diplômé de droit, de sciences politiques et de criminologie, ancien élève de l’EGE, il est actuellement étudiant en intelligence économique. Il a sorti en 2013 un ouvrage intitulé Enquête sur la loi du 3 janvier 1973.

Pierre-Antoine Chardel est philosophe de formation, docteur de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, professeur à Télécom Ecole de Management où il est responsable de l’équipe de recherche « Ethique, Technologies, Organisations, Société » (ETOS). De 2008 à 2013, il a été membre du Centre de recherche sens éthique, société – CERSES (CNRS / Université Paris Descartes). Depuis janvier 2014, il est directeur adjoint du Laboratoire Sens et Compréhension du Monde Contemporain (LASCO), Université Paris Descartes / Institut Mines-Télécom. Ses travaux portent sur l’évolution des processus de subjectivation, des espaces politiques et des imaginaires sociaux à l’ère de la rationalité technique. Derniers ouvrages : Zygmunt Bauman. Les illusions perdues de la modernité, Paris, CNRS Editions, 2013 ; Politiques sécuritaires et surveillance numérique (dir.), Paris, « Les Essentiels d’Hermès », CNRS Editions, 2014.

Anthony Elliott, docteur en philosophie, est détenteur de la chair de sociologie à l’université Elliot Flinders en Australie. Il enseigne aussi en tant que professeur invité dans des institutions prestigieuses du monde anglo-saxon comme : l’Open University (Grande-Bretagne), l’University College et la Trinity College de Dubin. Membre de l’Académie des Sciences Sociales d’Australie, du Cambridge Commonwealth Trust, et du King’s College de Cambridge, on le voit aussi fréquemment intervenir dans les médias anglo-saxons (BBC, The Sunday Times, etc). Auteur d’en tout 35 ouvrages, son domaine de spécialisation est l’étude de l’impact de la Modernité liquide globalisée sur les mœurs et les identités individuelles. Dernier essai paru : Reinvention, éd. Routledge, 2013.

Marc Herceg, né à Nice, est agrégé et docteur en philosophie. Il a publié de nombreuses études sur la philosophie moderne et contemporaine. Dernier ouvrage paru : Le Souci de la métaphysique. Trois études sur Dominique Janicaud et Jean-François Mattéi, Nice-Paris, éditions Ovadia, coll. « Chemins de pensée », 2013.

Maria Villela-Petit, philosophe, est chercheur émérite au CNRS et aux archives Husserl de Paris. Membre actif du Comité scientifique Jean Nabert et de l’Association pour l’étude de la pensée de Simone Weil, chargée d’enseignement à l’Institut Catholique de Paris, elle est l’auteur de nombreux articles dans des ouvrages collectifs ou des revues spécialisées françaises ou espagnoles, telles que : Approches ; Cahiers Benjamin Fontane ; Revista Teoliterária. Bibliographie partielle : « Simone Weil et les tragiques grecs » in Simone Weil, L’Herne, 2014 ; « Y a-t-il une élucidation phénoménologique de la musique ? » in J-M. Chouvel et X. Hascher, Esthétique et cognition (2013) ; « Heidegger est-il « idôlatre » ? » in R. Kearney, J. Stephen O’Leary (dir.), Heidegger et la question de Dieu (2009).

Erik S. Reinert est norvégien, spécialiste mondialement reconnu sur la question du protectionnisme, professeur en Développement des Stratégies et Gouvernance technologique à l’Université de Tallin et membre senior de recherche à l’Institut Norvégien de Recherches Stratégiques. Il est diplômé de Harvard (MBA), de l’Université Saint Gallen en Suisse et d’un doctorat (Ph.D.) d’économie à l’Université de Cornell. Il a fondé une entreprise spécialisée dans les colorants pour l’industrie automobile en 1972, leader de son secteur, qu’il vendit pour pouvoir se consacrer aux études et au professorat. Il est l’auteur de nombreux articles et ouvrages dont traduit en français Comment les pays riches sont devenus riches et pourquoi les pays pauvres restent pauvres, publié en 2012.

Julien Funnaro, géographe agrégé, ancien élève de l’École Normale Supérieure, traducteur et essayiste, est membre du comité de rédaction de la revue Perspectives Libres. Il est le traducteur de l’ouvrage de Thierry Beaudet, Indispensables frontières, pourquoi le supra nationalisme et le multiculturalisme détruisent la démocratie, paru en 2015. Ses thèmes d’étude portent sur les migrations internationales, les phénomènes de métropolisation urbaine, ainsi que les pensées hétérodoxes de l’État.

Jean-François Gautier, né en 1950, est docteur en philosophie, essayiste, musicologue et historien des sciences. Il a publié des essais consacrés à l’histoire et à la philosophie, tant à celles des sciences qu’à celles de la musique : L’Univers existe-t-il ? (1997) ; Logique et pensée médicale (2002) ; Palestrina (1994) ; Claude Debussy. La musique et le mouvant (1997). Jean-François Gautier contribue régulièrement à diverses revues, dont Spectacle du monde, Valeurs actuelles ou encore Éléments. Dernier ouvrage paru : Le sens de l’histoire : une histoire du messianisme en politique (éd. Ellipses, 2013).

Marc Alpozzo, né en 1969, est philosophe et écrivain. Contributeur à diverses revues, du Journal de la culture au Magazine de Livres en passant par Les carnets de la philosophie, il est également l’auteur de plusieurs ouvrages, dont récemment deux recueils de textes critiques La Part de l’ombre (2010), et Les Âmes sentinelles (2011). Il vient de publier récemment Seuls, Eloge de la rencontre aux Editions des Belles Lettres.

Jérôme Palazzolo, né en 1970, est psychiatre libéral, professeur au Département Santé de l’Université internationale Senghor, chargé de cours à l’Université de Nice, et chercheur associé au Laboratoire d’Anthropologie et de Psychologie Cognitives et Sociales (LAPCOS) à l’Université de Nice. Il est l’auteur de nombreux articles de référence et de plus d’une trentaine d’ouvrages traitant des diverses pratiques psychiatriques. Jérôme Palazzolo est par ailleurs lauréat de plusieurs prix internationaux : Legion of Honor of the United Cultural Convention (Washington D.C.) ; Man of the Year 2004 (New York) ; Homme de l’Année 2004 (Napierville, Canada) ; International Health Professional of the Year 2004 (Cambridge, Angleterre) ; International Health Professional of the Year 2003 (Cambridge, Angleterre) ; International Man of the Year 2003 (Cambridge, Angleterre) ; International Scientist of the Year 2002 (Cambridge, Angleterre) ; 21th Century Award for Achievement (New Providence, États-Unis).

Marie-Céline Courilleault, née en 1987, est titulaire de deux licences en anglais et en espagnol (cursus « Langues littératures et civilisations étrangères ») à La Sorbonne Nouvelle Paris 3, d’un diplôme de français langue étrangère dans cette même université, d’un master de traduction littéraire mention très bien à l’université d’Alicante (anglais, espagnol, russe), ainsi que d’un diplôme de langue portugaise à la Faculté de Lettres de Lisbonne. Après ses études et les traductions, elle se lance dans l’écriture : deux recueils de nouvelles, scénarii, trois romans dont un dans la langue de Shakespeare, essais sur la traduction et la linguistique et bien entendu pièces de théâtre où l’on retrouve bien souvent l’influence de la musique.

Pierre Le Vigan est philosophe, essayiste, et urbaniste de profession. Auteur profus de quelques 800 articles qui portent autant sur l’histoire des idées, la philosophie et la phénoménologie, que sur la psychologie, la critique d’art et la littérature, il contribue dans ce cadre à diverses revues, d’Éléments à Krisis en passant par Le Spectacle du Monde. Ses articles ont été salués par Jean-Pierre Dupuy et Edgar Morin. Derniers ouvrages parus : Le malaise est dans l’homme. Psychopathologie et souffrances psychiques de l’homme moderne (2011) ; La banlieue contre la ville. Comment la banlieue dévore la ville (2011) ; Face à la crise, une autre Europe(2012) ; Ecrire contre la modernité (2012) ; Chronique des temps modernes (2014) ; L’effacement du politique. Philosophie politique et genèse de l’impuissance politique de l’Europe (2014)

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