Cet article explore la tension constitutive du capitalisme contemporain entre quête de performance et nécessité de robustesse. À partir d’un cadre théorique intégrant psychologie sociale, économie politique et biologie des systèmes, il examine les ressorts affectifs, symboliques et institutionnels d’une possible bifurcation structurelle.
L’économie contemporaine oscille entre deux pôles apparemment antagonistes : la quête de performance, moteur d’innovation et de croissance, et la nécessité de robustesse, c’est-à-dire la capacité à résister aux chocs et à préserver les équilibres sociaux. Cette tension s’inscrit dans un contexte mondialisé où les marchés, les technologies et les flux migratoires redéfinissent en permanence les règles du jeu.
Derrière cette dynamique se cache une anthropologie peu évolutive : les êtres humains sont animés par des affects primordiaux que l’on peut conceptualiser par des principes archaïques comme l’appétition (désir de gain, de reconnaissance) et l’aversion (crainte de la perte, de la dépendance). Ces deux forces structurent les comportements individuels et collectifs, des stratégies d’entreprise aux alliances politiques.
En se fondant sur les deux derniers ouvrages de Bernard Lahire, Les structures fondamentales des sociétés humaines et Vers une science sociale du vivant , qu’elle relève de la sociologie, ou de la psychologie sociale, l’approche adoptée dans cet article est à rapprocher de la forte détermination que manifeste le sociologue à rechercher des lois universalisables applicables aux sciences humaines.
D’après les principes développés par Olivier Hamant dans son ouvrage intitulé L’entreprise robuste , le processus comportemental oscillant entre coopération et compétition dépend de la quantité de ressources disponibles dans le milieu. Ainsi, la coopération émerge souvent comme une stratégie favorisée en période de pénurie, par exemple, les champignons aident les plantes à absorber l’eau et les nutriments en échange de sucres, tandis que la compétition peut dominer en période d’abondance localisée ou temporaire, comme lorsque les algues prolifèrent rapidement et émettent des toxines pour monopoliser les ressources.
Cette dialogique biologique universelle de compétition versus coopération peut également s’appliquer aux dynamiques humaines, où les interactions environnementales modulent ce processus systémique en fonction de l’intensité des émotions positives ou négatives. Dans un contexte d’abondance et de stabilité, les individus, libérés de la crainte de la perte, privilégient l’appétition : ils explorent de nouvelles opportunités, optimisent leurs alliances sur un mode égotique, et rivalisent pour accroître leur capital symbolique ou matériel.
À l’inverse, en situation de rareté ou d’instabilité, la peur (liée à l’activation de l’amygdale et à la sécrétion de cortisol) génère une aversion dominante, incitant à resserrer les liens avec la communauté d’appartenance et à inhiber l’ouverture à l’inconnu. Cette dualité environnementale — compétition dans l’abondance, coopération dans la rareté — s’inscrit dans une matrice anthropologique plus large, où les affects (désir vs crainte) façonnent les stratégies individuelles et collectives. L’actualité récente en Occident (États-Unis, Union européenne) offre un terrain d’observation privilégié pour étudier ces tensions. La montée des difficultés économiques, accentuée par l’accroissement du chômage, l’inflation croissante et l’incertitude quant à l’avenir, active une peur diffuse face à l’adversité.
Dans ce contexte, l’immigration, notamment issue de régions en crise, s’ajoute comme un facteur supplémentaire amplifiant cette dynamique aversive. Sur le plan matériel, certains groupes perçoivent une concurrence accrue pour l’accès aux ressources (emplois, logements, services publics), renforçant l’aversion face à un environnement perçu comme instable. Sur le plan symbolique, l’arrivée de populations culturellement distinctes génère un sentiment diffus de « dépossession identitaire » : des segments de la population ont le sentiment de devenir étrangers sur leur propre territoire, une perception souvent amplifiée par des discours politiques polarisants.
Ces réactions que les principes de l’axiodynamique ont vocation à étudier peuvent être analysées dans différents contextes modernes où l’on constate que l’appétition (quête de stabilité matérielle) et l’aversion (crainte du manque et de l’altérité) coexistent, modelant des stratégies à la fois défensives et expansionnistes. Ce mécanisme affecto-cognitif, que Hamant relie à des principes biologiques universels, souligne combien les comportements humains sont profondément ancrés dans des pulsions archaïques tout en disposant de ressources cognitives permettant une forme d’adaptation qui, pour le biologiste, s’inscrit dans une dynamique privilégiant trop souvent la performance à la robustesse.
Cette dynamique imparfaite trouve un écho dans les analyses de Karl Polanyi, pour qui l’économie est encastrée dans des structures sociales, et dans la théorie des champs de Pierre Bourdieu, où les agents mobilisent des capitaux et un habitus adaptés aux contextes. Ainsi, les tensions contemporaines induites par différentes sources de craintes révèlent non seulement les fractures socio-économiques mais aussi la permanence des pulsions anthropologiques fondamentales qui sous-tendent les comportements humains.
Ces pulsions premières à la base des comportements des individus et des collectifs ne se déploient pas dans le vide. Pour Polanyi (La Grande Transformation, 1944), l’économie n’est pas un système autonome mais un sous-ensemble des relations sociales. Les marchés ne fonctionnent que si trois conditions sont réunies : des institutions (État, droit, normes) qui encadrent les échanges ; des solidarités (familles, syndicats) qui amortissent les chocs ; et des valeurs partagées (équité, justice) qui légitiment les règles du jeu. Cette approche invalide la vision néoclassique d’un marché « naturel ».
Sans encastrement, la concurrence détruit les structures sociales qui la rendent possible. Polanyi décrit un double mouvement où alternent une phase libérale caractérisée par la dérégulation des marchés et la mise en concurrence des individus et des territoires, suivie d’une phase protectrice marquée par des réactions sociales comme les mouvements syndicaux et les régulations étatiques qui tentent de limiter les dégâts. Les conséquences de la dérégulation dans les années 1980, les mobilisations telles que les mouvements des Gilets jaunes en France ou la poussée du protectionnisme en Inde illustrent la manière dont les choix économiques génèrent des résistances sociales et identitaires. Selon un rapport d’Oxfam (2020), la part de la richesse mondiale accaparée par le 1 % le plus riche a continué de croître depuis la crise financière de 2008, phénomène qui nourrit le ressentiment et la défiance à l’égard d’un système perçu comme inéquitable. Ce constat souligne l’urgence de repenser les fondements d’une économie qui conjuguerait performance et robustesse, sans sacrifier l’une à l’autre.
La performance économique est devenue le critère ultime de succès dans les sociétés capitalistes. Elle se traduit par l’optimisation des processus (lean management, digitalisation), la maximisation des profits et des parts de marché, et la valorisation de l’innovation. Ce modèle s’appuie sur une vision mécaniste de l’économie que critique André Orléan dans L’Empire de la valeur , où il expose la façon dont la théorie économique dominante réduit les comportements à ceux d’agents rationnels calculant leurs intérêts dans un cadre supposé neutre, en négligeant les médiations sociales qui structurent fondamentalement les échanges économiques. De fait, cette rationalité instrumentale néglige les dimensions affectives (espoir, peur) et sociales (solidarités, rivalités) qui orientent les comportements. La course à la performance génère ainsi des effets pervers. La précarisation du travail, notamment via l’ubérisation, en est un exemple frappant. Selon l’INSEE (2021), dans certains secteurs de l’économie dite « collaborative », les revenus horaires réels des travailleurs indépendants sont inférieurs au salaire minimum légal, une fois pris en compte les temps d’inactivité et les charges non mutualisées. Cette réalité socio-économique illustre la critique polanyienne du marché autorégulé : sans encastrement social, l’économie devient un agent de désintégration.
Face à la concurrence mondiale, les groupes (dans le sens de collectifs d’individus) développent un ethnocentrisme caractéristique, manifestation d’une tendance anthropologique fondamentale qui s’exprime avec une intensité particulière dans les contextes de rivalité économique. D’un côté, la cohésion interne se renforce autour de valeurs communes (nationalismes économiques, défense des industries locales), de l’autre, l’altérité est perçue comme menaçante (discours anti-immigration, politiques protectionnistes). Cette dynamique duale explique pourquoi les tentatives de fusion supranationale (Union européenne, OMC) se heurtent à des résistances identitaires. La performance économique, pour être légitime, doit s’accompagner de récits collectifs qui justifient les sacrifices au nom d’une communauté. En France, par exemple, les réformes visant à « moderniser » le marché du travail ont pu être justifiées par la nécessité de sauvegarder la compétitivité nationale, un argument qui mélange logique économique et attachement identitaire.
Ce mécanisme se vérifie aujourd’hui. La dérégulation des années 1980 a accru les inégalités, tandis que les mouvements sociaux comme les gilets jaunes ou les écologistes exigent des garde-fous tels que les taxes carbone ou les salaires minimums. La robustesse sociale ne consiste pas à éliminer la compétition, mais à la canaliser. En témoignent les modèles scandinaves qui combinent ouverture économique et protection sociale par le biais de services publics et de dialogue social, illustrant ainsi une voie médiane. En Suède, par exemple, le taux de syndicalisation dépasse 60 %, et les conventions collectives y jouent un rôle central, limitant les excès du marché sans étouffer l’innovation. Les travaux d’Olivier Hamant sur la résilience des systèmes vivants éclairent cette idée. La diversité des modèles économiques et des institutions, ainsi que la redondance des filets de sécurité et la pluralité des acteurs constituent des leviers de robustesse. En ce sens, Polanyi et Hamant convergent sur un point essentiel : la performance ne peut être durable que si elle s’adosse à des structures sociales et institutionnelles capables d’absorber les chocs.
Revenons sur un processus fondamental de la psychologie sociale : les actions humaines sont structurées par la tension entre appétition (désir de gain matériel ou symbolique) et aversion (peur de la perte, défiance envers l’inconnu). Ces affects se traduisent par des dynamiques complexes où la coopération endogène permet de former des alliances pour renforcer sa position face à l’extérieur, comme c’est le cas des consortiums industriels, tandis que la concurrence exogène génère des rivalités avec des groupes perçus comme menaçants, ce que l’on observe dans les guerres commerciales entre puissances. Cette dualité affective alimente l’ethnocentrisme sous ses deux formes principales. L’ethnocentrisme positif renforce les solidarités internes, comme en témoignent les mouvements mutualistes du XIXe siècle, alors que l’ethnocentrisme négatif induit une dynamique de préservation de l’endogroupe qui impulse les logiques d’exclusion mises en œuvre par les politiques anti-immigration contemporaine aux USA et en Europe centrale.
Le concept de champ économique, développé par Pierre Bourdieu, fournit un cadre analytique pertinent pour comprendre cette dynamique. Un champ fonctionne comme un microcosme régi par des règles spécifiques de reconnaissance et de valorisation. Les agents qui évoluent dans ce champ cherchent à accumuler différentes formes de capitaux (économique, culturel, symbolique) et mobilisent un habitus – ces dispositions incorporées façonnées par leur socialisation. Ainsi, un entrepreneur issu d’une famille aisée disposera non seulement de capitaux financiers, mais aussi de réseaux et d’une légitimité culturelle qui renforceront sa position dans le champ. L’habitus oriente les comportements de façon subtile mais déterminante. Dans le secteur technologique, par exemple, l’innovation est valorisée comme un marqueur de distinction, tandis que la crainte de la disruption motive la mise en place de stratégies défensives comme le dépôt de brevets ou le lobbying. Ces mécanismes montrent que l’économie ne peut être réduite à une série de calculs rationnels : elle est traversée par des affects, positifs et négatifs, et des valeurs profondément incorporées par les acteurs.
La globalisation a pour effet d’étendre la concurrence à l’échelle planétaire, sans pour autant supprimer les logiques de coopération qui demeurent essentielles. Dans ce contexte mondial, les multinationales s’emploient à imposer des normes favorables à leurs intérêts, tandis que les États négocient des accords commerciaux comme le CETA ou le RCEP, reflétant ainsi les rapports de force en présence. L’universalisme, que l’on peut sans doute associer à un projet politique progressiste, se heurte inévitablement à des résistances ethnocentriques qui prennent diverses formes. D’un côté, l’universalisme promeut l’ouverture des marchés et la diffusion de normes généralement occidentales. De l’autre, l’ethnocentrisme se manifeste par la protection des industries locales, comme on peut l’observer dans le secteur textile indien, ou par une position défensive vis-à-vis des immigrés, illustrée par les discours politiques de figures comme Viktor Orbán en Hongrie.
Ces contradictions mettent en lumière l’impossibilité fondamentale d’un marché totalement libre de toute régulation. Les institutions internationales comme l’OMC ou le FMI tentent d’assumer un rôle de médiateur dans ce paysage complexe, mais elles reproduisent souvent les asymétries de pouvoir existantes. Cependant, les recherches d’Elinor Ostrom, en particulier celles présentées dans son ouvrage Gouvernance des biens communs , montrent que des régulations locales, adaptées aux contextes spécifiques, peuvent contribuer à renforcer la robustesse des systèmes économiques. Il est important de noter que l’ethnocentrisme n’est pas uniquement une réaction archaïque face à la modernité ; il s’adapte aux enjeux contemporains. Le concept de friendshoring, qui consiste à délocaliser vers des pays considérés comme alliés, pratiqué tant par les États-Unis que par l’Union européenne, illustre parfaitement cette logique. Les entreprises, tout en poursuivant des objectifs d’efficacité, privilégient de plus en plus des partenaires culturellement proches afin de minimiser les risques géopolitiques. En s’appuyant sur les travaux d’Henri Tajfel , et des idées de Robert Putnam exposées dans son fameux article « E Pluribus Unum » (De plusieurs en un) , les entreprises peuvent exploiter les principes de l’ethnocentrisme pour renforcer la solidarité organique au sein de leurs groupes. En favorisant un sentiment d’appartenance et en exploitant l’affect positif, elles peuvent améliorer la cohésion interne et la collaboration. Cette approche permet non seulement de réduire les conflits internes, mais aussi d’accroître l’engagement des employés envers les objectifs communs de l’entreprise. Ainsi, l’ethnocentrisme, bien que souvent perçu comme une force de division, peut être réorienté pour créer des dynamiques de groupe plus solides et plus productives dans un contexte d’entreprise. On notera au passage que renforcer la solidarité organique d’une entreprise est susceptible, selon les principes de la psychologie sociale, d’avoir des répercussions bénéfiques sur la solidarité sociale.
La construction d’une économie à la fois performante et robuste implique de repenser la notion de souveraineté. Celle-ci ne doit pas être synonyme d’isolement, mais plutôt s’inscrire dans une coopération transnationale modulée qui permettrait de conjuguer ouverture et protection. Cette approche peut se concrétiser à travers des projets communs portant sur des enjeux globaux comme le changement climatique, à l’image des accords de Paris, ou sur d’autres questions sanitaires d’ampleur mondiale. Parallèlement, elle doit préserver des politiques locales qui maintiennent des régulations adaptées aux spécificités culturelles, dont les Appellations d’Origine Contrôlée en France constituent un exemple emblématique. Les principes développés par Olivier Hamant concernant la diversité et la redondance invitent à une remise en question profonde des modèles économiques dominants. L’agroécologie, par exemple, valorise la diversité des cultures et privilégie les circuits courts, renforçant ainsi la résilience face aux crises climatiques. En Allemagne, l’économie sociale, représentée par les coopératives et les associations, constitue environ 10 % du PIB national, démontrant qu’il est possible de combiner performance économique et une certaine forme de solidarité sociale.
Un universalisme modulé, tenant compte des particularités locales tout en établissant des standards communs, apparaît comme une voie prometteuse. Des initiatives régionales, malgré leurs contradictions internes, ont intégré des clauses sociales dans certains accords. Ces compromis, bien qu’imparfaits, montrent que la concurrence peut être encadrée par des normes protectrices qui préservent certains équilibres sociaux essentiels. Cependant, malgré ces avancées, les régulations étatiques et internationales peinent à remettre fondamentalement en question l’habitus capitaliste qui structure profondément les comportements économiques. Les politiques néolibérales continuent d’exacerber les appétits de gain, tandis que les diverses formes de régulations sociales comme le salaire minimum ou les taxes environnementales sont souvent perçues comme des contraintes indésirables par les acteurs dominants du champ économique. Les crises économiques successives, notamment celles de 2008 et de 2020, n’ont pas véritablement invalidé le modèle capitaliste dominant, mais ont plutôt renforcé certaines normes comme l’austérité budgétaire ou accéléré l’émergence d’innovations comme l’économie circulaire. Cette résilience paradoxale du système, malgré ses dysfonctionnements évidents, mérite une analyse approfondie.
Dans ce contexte, les entreprises adoptent des discours de responsabilité sociale (RSE) tout en poursuivant leurs logiques de profit, témoignant de l’ambivalence fondamentale qui caractérise les tentatives de conciliation entre performance économique et robustesse sociale. De leur côté, les syndicats se trouvent dans une position délicate, cherchant à défendre simultanément la protection sociale et la compétitivité des entreprises, un équilibre qui demeure fragile et constamment remis en question.
La crise écologique et les inégalités croissantes imposent de dépasser les schémas binaires qui opposent traditionnellement le libre marché à l’intervention étatique. Une économie véritablement robuste et encastrée doit nécessairement réintégrer la sphère économique dans le social, comme le préconisait Polanyi, valoriser les solidarités sans nier l’existence des rivalités, conformément aux analyses de l’axiodynamique, et s’inspirer des systèmes vivants pour innover, selon l’approche d’Olivier Hamant.
Un tel telos exige une véritable révolution anthropologique consistant à substituer à la peur de la perte une confiance renouvelée dans la complémentarité. Les institutions, les entreprises et les citoyens ont tous un rôle crucial à jouer dans cette transformation, mais celle-ci suppose également de revoir en profondeur les indicateurs de richesse, en allant au-delà du simple PIB, et de reconnaître pleinement la pluralité des valeurs qui animent nos sociétés.
La dialectique entre performance et robustesse, loin d’être un simple dilemme managérial ou une opposition conjoncturelle, révèle les lignes de force d’un système économique en tension avec ses propres fondements anthropologiques. Tant que l’appétition demeurera suractivée par des logiques de compétition permanente, et que l’aversion ne sera mobilisée que sous forme défensive et désorganisée, aucune stabilité durable ne pourra être atteinte.
Refonder l’économie suppose une transformation structurelle du cadre normatif qui oriente les comportements. Cela implique de réencastrer l’économie dans les dynamiques sociales, culturelles et affectives qui seules permettent de contenir les déséquilibres systémiques et de maintenir des formes de solidarité opérantes. Une telle bifurcation n’est pas qu’une affaire de technique économique : elle engage une reconfiguration des représentations collectives, des finalités politiques et des habitus incorporés.
Face à un capitalisme dont la résilience paradoxale repose sur sa capacité à absorber ses propres crises sans jamais les résoudre, il devient nécessaire d’imaginer un autre mode d’articulation entre innovation, stabilité, et sens collectif. La robustesse ne signifie pas l’abandon de la performance, mais sa subordination à une logique de durabilité sociale, d’ajustement écologique et de pluralité normative.
C’est dans cette perspective qu’il faut entendre la question posée par Olivier Hamant dans L’entreprise robuste , qui constitue non un simple constat mais un appel à penser autrement les conditions d’une transformation possible : En dernier lieu se pose alors la question de la bifurcation : par quels chemins passer du modèle de la performance à une dynamique de robustesse ?
Alex Kleden
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