« Vers le passe sanitaire permanent : la fin de la démocratie ? », par Henri Feng

[DISPLAY_ULTIMATE_SOCIAL_ICONS]

Comme à l’accoutumée depuis mars 2020, le Président Macron multiplie les allocutions présentant de nouvelles mesures sanitaires, Covid-19 et variants obligent : après celle du 9 novembre, une troisième dose de vaccin rendue obligatoire pour les plus de 65 ans d’ici la fin de cette année. Cependant, le compteur reste bloqué à deux pour les salariés. Et seuls les moins de douze ans sont épargnés par la cure.

In fine, l’art, encore, de faire passer l’impuissance pour la puissance dans cet ordre du désordre programmé : des protocoles de sécurité sanitaire inexistants et des budgets hospitaliers exponentiellement bas. Toujours au profit des géants du Net et des grands acteurs financiers. En outre, l’extension du précieux passe sanitaire, depuis juillet, jusqu’aux bars, restaurants et lieux de travail, a eu un franc succès sur le plan politico-politicien, la base électorale macronienne ne demandant qu’à pérenniser un darwinisme médical, puisque préalablement social. Bien que le virus continue de circuler parmi ces chers vaccinés…

En attendant, le passe sanitaire tend à se transformer en passe vaccinal permanent, officiellement jusqu’au 31 juillet prochain, autrement dit y compris durant les élections présidentielle et législatives

Du flou et des loups… En France, qui ne se fait pas injecter deux doses d’ARN messager n’a toujours pas droit de cité. Comprenons, enfin, qu’en philosophie politique tout ceci ne se résume qu’à du pur formalisme, celui hérité de la morale de Kant : obéir à une règle, non pour son esprit, mais seulement pour sa lettre. Peu importe que celle-ci soit inique ou non ! Un paradoxe, dans la mesure où la morale kantienne fait partie des éléments constitutifs de nos démocraties libérales. Des impératifs comme conditions de possibilité de l’autonomie, tant éthique que politique.
Le premier d’entre eux : l’impératif catégorique, qui conditionne précisément les deux autres. « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle ». Le crime ne permettant pas le « vivre ensemble », par exemple.
Mais le crime ne peut-il pas être invisible, là où l’exclusion pour motif médical devient la norme ? Une mise en abyme entre bureaucratie et technocratie : de confinement en couvre-feux, puis de passe sanitaire en passe vaccinal, une masse menacée de se retrouver durablement au chômage. D’autant plus que dans la plupart des sociétés dites « progressistes », la valeur travail est supplantée par l’hyperconsommation.

Quoi qu’il en soit, un impératif catégorique qui s’impose à tous aujourd’hui. De l’autoritaire dans le libertaire. Ce qu’avait perçu Nietzsche en déclarant : « l’impératif catégorique exige un empereur ». Celui-ci allant même plus loin dans son Gai savoir : « Tu peux prêter l’oreille à son ordre [ton jugement] comme un brave soldat qui entend l’ordre de son officier. Ou comme une femme qui aime celui qui ordonne. Ou comme un flatteur et un lâche qui a peur de celui qui lance un ordre. Ou comme un imbécile qui s’exécute parce qu’il n’a rien à objecter ».
Comme si la raison démocratique devait, tel un serpent, finir par se mordre la queue. Parce que le formalisme le légalisme et le contractualisme sont exactement la même chose : un cadre, un mot d’ordre, qui peut ne plus avoir de sens. Alors, pouvons-nous encore dire, comme Rousseau, que « c’est à la loi seule que les hommes doivent la justice et la liberté » devant un nouveau type de banalité du mal, de l’apathie généralisée ?

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les dernières fiches de recrutement
du Cercle Aristote