Il n’y a pas de coopération sans concurrence dans la nature. Un article de Alan Kleden

Toute forme de coopération s’inscrit dans une dynamique systémique où la concurrence joue un rôle structurant, que ce soit à l’échelle des individus, des groupes ou des écosystèmes. La coopération ne peut donc exister de manière isolée : elle se développe en réaction aux tensions concurrentielles internes ou externes qui influencent l’évolution des interactions. Dès lors, plutôt que de les opposer strictement, il convient de considérer la coopération et la concurrence comme des dynamiques interdépendantes qui façonnent les structures collectives. Si Pablo Servigne, dans Lentraide : Lautre loi de la jungle(Servigne, et al., 2017), met en lumière le rôle central de la coopération dans l’évolution des espèces et des sociétés humaines, son analyse tend, à mon sens, à minimiser l’importance de la concurrence interindividuelle et intergroupe. Il insiste notamment sur les effets délétères de la compétition lorsqu’elle devient un principe structurant des relations sociales :

[…] la compétition sépare ; elle fait ressortir les différences. […] En poussant le culte de la compétition à son extrême, et en l’institutionnalisant, notre société n’a pas seulement engendré un monde violent, elle a surtout ôté une grande partie de son sens à la vie. (Servigne, et al., 2017)

Or, une compréhension complète des systèmes écologiques et sociaux impose d’intégrer la dualité inhérente aux dynamiques d’interaction : si la coopération joue un rôle fondamental, elle demeure indissociable des contraintes imposées par la concurrence, qu’elles soient internes ou externes. Cette tension structurelle influence les stratégies adaptatives et les comportements des groupes, notamment lorsqu’ils évoluent dans un environnement marqué par des dynamiques prédatrices intergroupes.

Dans les systèmes vivants, les individus et les groupes coopèrent principalement pour maximiser leur survie et leur reproduction. La théorie de la sélection de parentèle, développée par William D. Hamilton, fournit une explication fondamentale de cette dynamique. Selon ce biologiste de l’évolution, l’entraide est favorisée par la proximité génétique, car elle augmente les chances de transmission des gènes partagés. Cette perspective a été largement démontrée chez les animaux, mais elle présente des limites lorsqu’elle est appliquée aux humains. Bien que la sélection de parentèle offre une explication convaincante pour de nombreux comportements d’entraide observés dans le règne animal, dans le sillage de chercheurs comme Kropotkine, Pablo Servigne rechigne à l’appliquer à l’espèce humaine :

L’origine du fait social ne serait plus à rechercher dans les gènes, mais dans l’influence du milieu. Ibidem.

Tout en reconnaissant la validité de la théorie d’Hamilton dans des contextes écologiques simples, il affirme que l’entraide humaine nécessite une approche plus nuancée. Il souligne ainsi que, chez les humains, les comportements d’entraide dépassent largement les liens de parenté biologique. Ainsi, si la sélection de parentèle explique en grande partie l’entraide fondée sur la proximité génétique, elle demeure insuffisante pour comprendre les dynamiques de coopération entre individus non apparentés.

C’est pourquoi il apparaît nécessaire d’adopter un cadre conceptuel plus large, intégrant les spécificités humaines. Dans cette perspective, l’axiodynamique (Kleden, 2022) propose une grille d’analyse adaptée à la sociologie et à l’interactionnisme social. En mettant l’accent sur la proximité identitaire — définie comme la convergence de systèmes de dispositions et de valeurs — ce modèle permet d’expliquer les conditions de mise en œuvre de certaines formes de coopération indépendamment du cadre biologique.

Contrairement à la simple parenté génétique, cette proximité identitaire repose sur l’absence de valeurs antagoniques, permettant de réduire les affects aversifs et de faciliter la coopération intergroupale. Cette thèse enrichit la perspective de la sélection de parentèle en y ajoutant une dimension culturelle et axiologique, spécifique à l’espèce humaine, qui permet de mieux comprendre les dynamiques d’entraide dans des sociétés complexes. Cependant, cette coopération n’est pas un processus autonome ; elle se développe dans un contexte où la concurrence pour les ressources, les territoires ou les opportunités demeure une force structurante et exerce une pression naturelle sélective.

L’axiodynamique propose également une grille d’analyse qui met en lumière le lien fondamental entre coopération et concurrence. En mobilisant les notions d’endofavoritisme et d’exodéfavoritisme issues de la psychologie sociale, elle met en évidence le principe selon lequel la proximité identitaire constitue un levier central de la coopération intra-groupe. Ce processus s’inscrit dans une dynamique conative, fondée sur les mécanismes fondamentaux d’appétition et d’aversion, qui orientent les comportements par le biais d’un conditionnement éducatif structuré autour de récompenses et de punitions affectives. Ce conditionnement, ancré dans un héritage socioculturel, a pu et peut parfois encore inclure des sanctions physiques telles que les châtiments corporels, renforçant ainsi la structuration des préférences axiologiques. Parallèlement, l’axiodynamique montre que la concurrence inter-groupes agit comme un moteur évolutif, contribuant à la consolidation de la cohésion interne des groupes en intensifiant les mécanismes conatifs de renforcement identitaire.

Si la dialectique coopération-concurrence est perceptible dans les interactions biologiques et économiques, elle se manifeste avec une intensité encore plus marquée dans les conflits sociaux. En effet, lorsque des groupes s’affrontent sur des enjeux sociétaux, l’opposition de valeurs génère des affects aversifs qui influencent directement la trajectoire des actions collectives. L’axiodynamique permet de modéliser ces tensions en identifiant les valeurs en compétition et en analysant leur impact sur la prise de décision. Pour mieux illustrer cette dynamique, prenons le cas d’un conflit sur la réforme du temps de travail dans une entreprise industrielle.

La direction entend imposer une augmentation du temps de travail sans compensation salariale, invoquant la nécessité d’améliorer la compétitivité économique. De leur côté, les employés, représentés par un syndicat, perçoivent cette réforme comme une atteinte à la justice sociale et un risque accru de détérioration des conditions de travail. Ce désaccord met en lumière une confrontation entre deux ensembles axiologiques incompatibles, qui orientent différemment les décisions des acteurs.

GroupeValeurs dominantesMémotions associéesValence et Intensité
SyndicatJustice socialeIndignation face à l’injustice perçue+5
 Qualité de vieStress dû à la crainte de surcharge-3
 Solidarité ouvrièreSentiment d’appartenance+4
DirectionCompétitivité économiqueAnxiété face à la baisse de rentabilité-4
 Autorité managérialeAssurance dans la prise de décision+3
 Image publiquePréoccupation sur la perception externe+2

L’axiodynamique permet ici de modéliser la dynamique du conflit en fonction de l’intensité des affects aversifs et des seuils de tolérance axiologique. Plus l’intensité des valeurs conflictuelles est élevée, plus les affects négatifs augmentent, rendant la coopération entre les parties difficile, voire impossible.

  • Les employés, en raison de leur indignation (+5) et de leur solidarité (+4), sont fortement enclins à entrer en grève. Cependant, la peur des représailles (-3) pourrait tempérer cette décision.
  • La direction, bien que convaincue de la nécessité économique de la réforme (+5), doit composer avec l’anxiété face à une potentielle grève (-4), qui pourrait la contraindre à négocier.

Le calcul de décision qui découle de cette interaction peut être modélisé à l’aide des tableaux de valeurs présentés ci-après.

Calcul de Décision des Ouvriers : Grève ou Non-Grève

Le choix des ouvriers repose sur un arbitrage entre des valeurs engrammées positivement (justice sociale, solidarité ouvrière) et des affects négatifs générés par la situation conflictuelle. La justice sociale, bien que valorisée, produit ici un affect négatif car elle est ressentie comme bafouée, ce qui incite à l’action. À l’inverse, la peur des représailles ou des pertes de revenus agit comme un frein à l’engagement collectif.

ValeurValence et IntensitéDescription et impact sur la décision
Justice sociale-5Indignation face à une injustice perçue, incitation forte à la grève
Solidarité ouvrière+4Renforce la cohésion et la mobilisation collective
Méfiance envers la direction-4Réduit la possibilité d’un accord, favorise la confrontation
Peur des représailles+3Incite à la prudence et peut limiter l’action

Résultat du calcul de décision :

Lintensité des facteurs poussant à la grève (valeurs absolues) :

✔ Justice sociale (-5) + Solidarité ouvrière (+4) + Méfiance envers la direction (-4) = 13

Lintensité des éléments dissuasifs :

✖ Peur des représailles (+3) = 3

Décision finale côté ouvrier :

L’intensité des forces pro-grève étant largement supérieure aux éléments freinant l’action (13 contre 3), la grève est hautement probable, sauf intervention d’un facteur externe modifiant l’équilibre (ex. promesse de négociation).

Calcul de Décision de lEmployeur : Exécution de la Réforme ou Contre-Proposition

L’employeur doit arbitrer entre lintérêt économique (imposer la réforme) et le coût du conflit social (qui pourrait nuire à la rentabilité et à l’image de l’entreprise).

ValeurValence et IntensitéDescription et impact sur la décision
Compétitivité économique+5Forte incitation à imposer la réforme pour assurer la rentabilité
Image publique-3Crainte des conséquences négatives d’une grève sur la réputation
Anxiété face à la grève-4Pression à la négociation, incite à envisager une contre-proposition

Résultat du calcul de décision :

Lintensité des facteurs favorisant lexécution de la réforme :

✔ Compétitivité économique (+5) = 5

L’intensité des éléments incitant à une contre-proposition:

✖ Image publique (-3) + Anxiété face à la grève (-4) = 7

Décision finale côté employeur:

La pression à la négociation (7) étant supérieure à la volonté d’imposer la réforme (5), l’employeur est incité à proposer un compromis, à moins qu’un soutien politique ou financier extérieur ne vienne renforcer sa position initiale.

L’exemple présenté constitue une photographie à un instant T du conflit social, mais la dynamique de négociation ne se limite pas à un seul calcul de décision. En réalité, le processus décisionnel se déploie sur plusieurs sessions de négociation, au cours desquelles chaque camp ajuste ses positions en fonction des interactions et des évolutions contextuelles.

L’interactionnisme social, tel qu’il est modélisé ici, n’est pas figé : il repose sur un enchaînement de calculs de décision successifs, où chaque nouvel arbitrage se réfère aux valeurs et mémotions[1] en présence, lesquelles peuvent avoir évolué depuis le dernier cycle de négociation.

Ainsi :

  • Côté ouvrier, chaque nouvelle réunion syndicale ou assemblée générale repose sur un vote intragroupe, qui reflète non seulement le rapport de force interne mais aussi l’effet des concessions potentielles faites par la direction.
  • Côté employeur, la décision de maintenir la réforme, d’adapter sa posture ou d’émettre une contre-proposition résulte d’une réévaluation constante des coûts et bénéfices liés au maintien du conflit ou à sa résolution.

Chaque session de négociation est une réactualisation du calcul de décision, ce qui signifie que la valence des valeurs peut se modifier sous l’effet :

  • De nouvelles informations (ex. médiatisation du conflit, annonce d’un soutien politique, intervention d’acteurs externes).
  • D’un repositionnement stratégique (ex. concessions partielles, radicalisation des revendications).
  • D’une transformation des mémotions collectives (ex. frustration accrue après un échec de négociation, apaisement suite à une avancée).

Ainsi, loin d’être un simple choix binaire figé, la négociation s’apparente à un processus dynamique de réévaluation continue, où les calculs de décision successifs structurent l’évolution des postures antagonistes. Ce modèle axiodynamique permet donc de saisir la nature fluide et évolutive des conflits sociaux, ancrée dans un enchaînement de décisions influencées par des affects et des rapports de force en constante mutation.

Toutefois, ce processus décisionnel itératif ne se réduit pas à une agrégation mécanique des votes ou des positions collectives. En situation réelle, le calcul de décision ne s’effectue pas uniquement de manière horizontale : il repose également sur l’influence exercée par un individu ou un sous-groupe dominant au sein de l’ensemble concerné. Le principe de régulation intragroupe repose généralement sur une dynamique de commandement-obéissance, considérée comme un fondement des principes de la philosophie politique. Ce schéma d’organisation permet d’assurer la cohésion du collectif en limitant la fragmentation issue des divergences internes. Loin d’être une simple contrainte hiérarchique, il constitue un mécanisme stabilisateur qui oriente les décisions du groupe en fonction de son système de valeurs dominant. La structuration de l’autorité intragroupe, qu’elle soit formelle (institutionnalisée) ou informelle (charismatique), permet ainsi de canaliser les tensions concurrentielles sans compromettre l’endofavoritisme du collectif face aux pressions externes.

Dans un conflit social tel que celui-ci, la posture du leader syndical ou du dirigeant de l’entreprise ne se limite pas à déclencher les décisions, mais joue un rôle structurant en modulant les dynamiques internes du groupe. Ces figures d’autorité, par leur capacité à interpréter l’évolution du rapport de force et à orienter la perception des enjeux, influencent la trajectoire des décisions successives. Ainsi, bien que les valeurs et mémotions du groupe fassent évoluer le cadre décisionnel au fil des sessions de négociation, l’activation ou la réévaluation d’une stratégie repose souvent sur une posture individuelle dotée d’un pouvoir de mobilisation.

Cette structuration met en évidence la dialectique entre coopération et concurrence. La coopération interne au sein de chaque groupe se renforce en réaction à l’opposition externe, qui génère une cohésion accrue (solidarité ouvrière consolidée par l’injustice perçue, unité de la direction face à un risque de contestation pouvant compromettre l’augmentation prévue de la rentabilité de l’entreprise). Cependant, l’intensité du conflit entre les deux groupes entrave toute coopération intergroupale et alimente une dynamique de polarisation, où chaque camp se radicalise en réponse aux postures adverses. L’axiodynamique met en exergue le fait que la négociation n’est possible que si l’intensité des affects aversifs ne dépasse pas un certain seuil de tolérance axiologique. Si les émotions négatives deviennent trop prégnantes (indignation extrême, peur excessive, défiance totale), toute forme de coopération devient impossible et le conflit tend à l’escalade. Toutefois, il convient de distinguer les divergences axiologiques tolérables des dissensus irréconciliables. Certaines oppositions ne résultent pas seulement d’un différend stratégique ou d’une divergence d’intérêts conjoncturels, mais d’une incompatibilité profonde entre systèmes de valeurs, ancrée dans des cadres axiologiques inconciliables. Lorsqu’un antagonisme repose sur des prémisses infalsifiables — qu’elles soient idéologiques, théologiques, identitaires ou politiques — il devient logiquement impossible à résoudre par la négociation ou le compromis. Dans ces cas, toute tentative de coopération intergroupe est vouée à l’échec, non par absence d’intérêt rationnel, mais parce que les référentiels de sens qui structurent la perception du monde sont incompatibles. En revanche, certaines divergences, bien que fortes, peuvent être temporairement surmontées sous l’effet de contraintes majeures (pression extérieure, nécessité de survie, calcul stratégique).

Toutefois, les affects aversifs ne se traduisent pas systématiquement par une rupture ou une polarisation irréversible. Lorsqu’ils sont dirigés vers un adversaire commun ou une menace partagée, ils peuvent au contraire favoriser la coopération intergroupe en créant une dynamique de convergence stratégique. Dans certains contextes, la peur collective ou l’hostilité à un tiers peut inciter des groupes initialement antagonistes à dépasser leurs divergences pour former des alliances temporaires, illustrant ainsi le rôle ambivalent des affects aversifs dans les dynamiques de coopération et de concurrence.

En intégrant ces éléments, il devient envisageable d’améliorer la prédiction des issues probables d’un conflit, d’identifier les valeurs clés à moduler pour rétablir un dialogue, et de comprendre comment la structuration des affects façonne les comportements collectifs.

Dans LEntraide, la coopération est présentée comme une stratégie adaptative omniprésente dans le vivant, avec des exemples tels que les symbioses mutualistes, les réseaux d’entraide entre arbres ou les comportements altruistes humains. Cette perspective vise à contrebalancer l’accent historiquement mis sur la compétition dans les modèles darwiniens classiques. Toutefois, bien que ces illustrations soient pertinentes, elles tendent à relativiser le rôle structurant de la concurrence dans ces mêmes systèmes. Par exemple, la coopération entre individus d’une même espèce peut émerger sous la pression concurrentielle exercée par d’autres espèces ou par d’autres groupes au sein de la même espèce. Or, ces tensions inter-groupes, bien qu’évoquées dans l’ouvrage, ne sont pas développées comme un facteur majeur des dynamiques systémiques en jeu.

L’approche axiodynamique met en avant l’importance de la proximité identitaire fondé sur la partage de valeurs proches dans l’émergence et la stabilité des systèmes coopératifs. Au-delà de la sphère génique, les systèmes de valeurs partagés – qu’ils soient culturels ou axiologiques – jouent un rôle essentiel dans la réduction des affects aversifs et des conflits internes. Ainsi, l’analyse des affects aversifs révèle leur rôle structurant dans la dynamique coopération-concurrence. Au niveau intragroupe, ils opèrent comme des signaux d’alerte face aux comportements menaçant la cohésion collective, favorisant ainsi le maintien d’une homogénéité axiologique nécessaire à la coopération. Au niveau intergroupe, ces affects ne se limitent pas à une simple répulsion envers les valeurs différentes ; ils génèrent des dynamiques de différenciation active qui, paradoxalement, peuvent stimuler l’innovation sociale en poussant les groupes à développer des alternatives aux pratiques rejetées. L’intensité de ces affects aversifs, variant selon le degré d’antagonisme des valeurs en présence et de leur importance relative dans le système axiologique du groupe, détermine largement la perméabilité des frontières intergroupes et la possibilité de coopérations temporaires malgré des divergences axiologiques. Cette compréhension introduit la notion de seuil de tolérance axiologique, qui représente un moment polémologique critique. Ce seuil marque le point de déclenchement d’une fracture, libérant la tension accumulée par un antagonisme « ami-ennemi » au sens schmittien. Une fois cette rupture consommée, toute forme de coopération devient inenvisageable, même en présence de pressions concurrentielles externes d’une intensité significative.

Par ailleurs, la concurrence inter-groupes agit comme un catalyseur, forçant les collectifs à développer des stratégies de coopération efficaces pour faire face à des menaces externes. Ainsi, loin de s’opposer, la coopération et la concurrence se renforcent mutuellement dans un équilibre dynamique. La vision de Servigne, bien qu’elle soit riche d’enseignements, néglige les tensions concurrentielles qui sous-tendent les systèmes coopératifs existant chez les humains, les mammifères et au-delà. Cette omission limite la portée de son analyse, notamment en ce qui concerne les affects aversifs produits par des valeurs antagoniques dans des interactions intergroupes. En revanche, l’axiodynamique offre une perspective plus précise en intégrant ces dimensions. Elle montre que la proximité identitaire et la minimisation des valeurs conflictuelles sont des conditions nécessaires à la stabilité des systèmes coopératifs. De plus, elle souligne que les affects, positifs comme négatifs, jouent un rôle central dans la structuration des relations sociales et écologiques.

Une compréhension rigoureuse des systèmes écologiques et sociaux exige de reconnaître l’interdépendance intrinsèque entre coopération et concurrence, toutes deux façonnées par les principes fondamentaux de l’auto-organisation, de la néguentropie et de la systémique des dispositions fondée sur la dyade appétition vs aversion. La dualité de la coopération et de la concurrence est essentielle pour expliquer les dynamiques adaptatives qui sous-tendent la vie. Reconnaître que la coopération est toujours façonnée par des tensions concurrentielles permet d’élaborer une vision plus équilibrée des interactions sociales. Cette approche, qui intègre la dialectique coopération-concurrence, affine notre compréhension des dynamiques écologiques et sociales et offre un cadre analytique robuste pour décrypter les rapports humains et les structures sociétales à l’échelle globale.


[1] De même qu’une valeur, une mémotion se caractérise par l’association d’une information  et d’une émotion d’une certaine intensité et d’une valence positive, négative ou neutre quand l’intensité n’est pas décelable. (Kleden, 2020).

Alan Kleden

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