Dans le domaine de la psychologie, les livres édités par Odile Jacob ont souvent apparence de redondance. C’est donc à la marge, et pour ainsi dire matériellement border line, que l’on peut les distinguer les uns des autres. Celui-ci s’avère devoir être classé comme un classique, et c’est à ce titre qu’on pourra le conserver en réserve dans sa bibliothèque, non comme un manuel pratique mais plutôt comme un ouvrage de fond, théorique même si, à l’opposé, ce sont pour ses vertus pratiques qu’il est censé avoir été édité et retenir l’attention du chaland.
Au passif, si l’on peut dire : la méthode thérapeutique qu’il promeut, à savoir ce programme d’autogestion des émotions négatives (PAEN), qui n’est original que parce qu’il s’efforce d’associer dans une même démarche de dynamique curative desdites EN (tristesse, colère, etc) nombre de ce que l’on a nommé les « thérapies brèves » et qu’il les adapte à leur degré de prégnance, quitte à suggérer, selon la gravité des symptômes, de s’adjoindre l’aide pleine et entière d’une de ces thérapie, par exemple l’EMDR. Cela posé, techniquement parlant, les modules proposés à l’emploi font essentiellement appel à la formulation verbale mentale même si nous avons affaire ici affaire à une super méthode Coué tenant compte des tous derniers apports théoriques et psychothérapeutiques dont la science de la neuro-cognition a enrichi la psychologie et la psychiatrie.
(Or, nous nous en tenons à la théorie globale reposant sur l’expérience que les souffrances d’ordre neuropsychique sont prioritairement accessibles à un traitement via le corps même du sujet, via sa chair, ce qui nous conduit littéralement à une psychanalyse du corps reposant sur sa trituration permettant d’en extraire la mémoire malheureuse et douloureuse.) Ainsi, en dehors de l’EMDR, devrait-on s’orienter vers certaines techniques de massage, l’ostéopathie etc.
Cet ouvrage très riche, substantiel, dans lequel l’auteur à juste titre cite souvent ses propres articles scientifiques, attirera ainsi la tension psychique du lecteur curieux de nature et qui pourrait se sentir à juste titre personnellement visé non, comme on l’a vu, par la mise en application de ces autothérapies brèves actualisées (lesquelles a priori lui sembleront impropres) mais par ses renvois à notre immense littérature française et étrangère, à la pertinence de ses rapprochements, à sa critique (à notre sens encore trop modérée du transhumanisme et de son médiatique promoteur, Laurent Alexandre), bref, par le fait qu’il émane d’un psychiatre encore à l’ancienne qui devine que, si, in fine, les maux de la conscience se préviennent et se soignent d’abord par le corps, la médication n’en sera que meilleure si elle est, comme c’est en l’occurrence le cas, au préalable – et fusse inconsciemment -, pressentie, élaborée, documentée et comme justifiée par un homme de lettres.
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